Pour ce week-end de mobilisation sur la question du logement du 27-28 mars, on a eu envie de donner la parole à des habitants et habitantes du quartier qui ont connu ou connaissent des galères de logement.
Cusset, le quartier dans lequel nous sommes, a beaucoup changé ces dernières décennies. Il est passé en l’espace de quelques décennies du bourg rural à la banlieue populeuse, de la banlieue à la ville industrielle, et enfin de la ville industrielle à la ville désindustrialisée. Les problématiques liées au logement n’y sont pas récentes, elles ont évolué au rythme des implantations d’usine, des vagues migratoires et des reconfigurations urbaines qui ont façonné la commune.
Jusque dans les années 1840, le village de Cusset vit de l’agriculture et du tissage à domicile comme le reste de la plaine du Dauphiné. Mais l’industrialisation rapide de Villeurbanne, dans les années 1880, avec l’installation des usines textiles et la construction de l’usine hydroélectrique transforme le village en banlieue ouvrière : le nombre d’habitant explose, les cités ouvrières construites par le patronat fleurissent.
Après le 1ère guerre mondiale, Villeurbanne connait une grave crise du logement. L’augmentation de la population ouvrière et l’afflux de main-d’œuvre étrangère oblige la municipalité à construire à la hâte des HBM (Habitations Bon Marché) et des maisons individuelles. Mais ces constructions ne suffisent pas, et de nombreux.ses ouvrier.es vivent dans des « cités d’urgence », des garnis précaires aménagés dans des fermes, ou dans des baraques en bois. Les logements des ouvriers sont alors caractérisés par l’insalubrité et le surpeuplement qui favorisent le développement d’épidémies.
Face à cette situation et à la faveur du courant hygiéniste qui influence l’architecture, la commune entame un large programme de réflexion sur le logement social : il s’agit de construire vite et peu cher des logements salubres afin de préserver la production industrielle et la stabilité politique. Mais en réalité, ce sont surtout les ouvrier.es qualifié.es qui bénéficieront le plus des politiques sociales, tandis les ouvrier.es immigré.es et peu qualifié.es continuent à habiter dans des conditions indignes. C’est dans ce contexte qu’apparaissent au début des années 1920 les premières « baraques » sur le territoire de Villeurbanne, construites avec des planches, des chiffons ou des boites de conserves où il n’y a ni gaz, ni électricité, ni lampe à pétrole. Dans les années ’30, l’arrivée de la crise économique a aggravé la situation des plus démuni.es et favorisé le développement des zones de baraques.
La situation du logement, catastrophique à la Libération, ne s’améliore pas au cours des années suivantes : alors que la pénurie se généralise, plusieurs nouveaux bidonvilles voient le jour ici et là dans l’Est lyonnais au milieu des années 1950. Celui du “Chaâba” se trouve à La Feyssine, celui dit “des Poilus” se situe à côté du site actuel de l’Astroballe, et trois autres bidonvilles émergent dans le quartier des Buers. Ces vastes villages de tôles et de cartons sont constitués d’un enchevêtrement de logements de fortune bâtis avec des matériaux de récupération ramenés des chantiers. Même si les plus grands bidonvilles ont été démantelé par la municipalité, d’autres réapparaissent ici et là jusqu’à aujourd’hui.
Désormais, les galères de logement a Cusset et autour n’ont pas disparues et sont multiples : explosion des prix des loyers, logements inadaptés, institutions et associations qui proposent des hébergements dans des conditions indignes et répression des squats. Tour d’horizon de la précarité du logement à Cusset et alentour.
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